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Alors que la rivalité entre l’Arabie Saoudite et la Russie s’accentue : Les capacités de stockage mondiales de pétrole sous pression

 

Alors que la rivalité entre l’Arabie Saoudite et la Russie s’accentue : Les capacités de stockage mondiales de pétrole sous pression

 

Les stocks de brut s’accumulent à un rythme record, dans le cadre du choc russo-saoudien, ce qui risque d’épuiser la capacité de stockage mondiale de pétrole, selon Goldman Sachs, cité par Bloomberg.

Alors que les deux producteurs désormais rivaux, suite à l’échec de la rencontre Opep+, accélèrent leurs expéditions, dans une tentative de dominer des marchés mondiaux et d’évincer leurs concurrents, et que le coronavirus écrase la demande mondiale, il pourrait y avoir prochainement plus d’un milliard de barils supplémentaires sur le marché.

Cela pourrait épuiser l’espace disponible de stockage, selon Bloomberg, et faire chuter davantage les prix du pétrole, avec des conséquences brutales pour l’industrie pétrolière et les pays producteurs.

Les prix du pétrole ont chuté de 32%, à environ 34 dollars le baril, depuis que les deux exportateurs se sont disputés sur la façon de faire face au virus, rompant l’alliance mondiale des producteurs qu’ils dirigeaient depuis trois ans et lançant une compétition pour offrir aux clients les remises les plus importantes.

La déroute a poussé les foreurs de schiste américains, tels qu’Occidental Petroleum Corp. et Apache Corp., à réduire leurs dividendes et leurs dépenses.

Dans ce contexte, le président américain, Donald Trump, a promis vendredi de retirer du pétrole du marché, en renforçant la réserve stratégique américaine. Mais si les hostilités continuent, la marée pétrolière risque de devenir un tsunami, avertit Bloomberg.

L’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle fournirait des volumes records, de plus de 12 millions de barils par jour le mois prochain, et les Emirats arabes unis pousseront les champs de pétrole au-delà de leur capacité normale pour augmenter la production d’environ un tiers.

La Russie ajoutera pour sa part 500 000 barils par jour, tandis que d’autres membres de la coalition OPEP+ fracturée, comme l’Irak et le Nigeria, prévoient également une augmentation de la production.

L’offre mondiale dépasse déjà la demande à un rythme sans précédent de 3,5 millions de barils par jour, en raison de l’impact du coronavirus, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui conseille les grandes économies.

Une fois que les pays de l’OPEP+ augmenteront l’offre, l’excédent montera en flèche au deuxième trimestre, à plus de 6 millions par jour, selon les calculs de Bloomberg. Au total, les stocks mondiaux de brut devraient augmenter de 1,7 milliard de barils cette année, selon les calculs de l’agence américaine, environ trois fois plus que pendant le plus grand excédent jamais enregistré par l’AIE.

C’était en 1998, lorsque le Brent est tombé à un creux historique de moins de 10 dollars le baril. Selon le fournisseur de données énergétiques Kayrros SAS, environ 65% du total mondial de 5,7 milliards de barils de stockage de pétrole sont actuellement utilisés.

Aux taux actuels, les limites théoriques, qui sont légèrement inférieures au chiffre total, pourraient être approchées en un peu plus d’un an, estime la société. «Le taux de remplissage que nous connaissons actuellement est totalement sans précédent», a déclaré Antoine Halff, analyste en chef de Kayrros.

Pour les négociants en pétrole, il existe des opportunités de réaliser des profits massifs en thésaurisant des barils, puis en exploitant la différence entre des prix bas à court terme et des prix plus élevés à long terme.

Vitol Group, la plus grande maison de commerce indépendante, a loué des réservoirs en Corée du Sud qui pourraient être utilisés pour profiter de l’écart de prix. Comme les réservoirs terrestres sont épuisés, les entreprises utiliseront de plus en plus des supertankers en mer pour accueillir l’excédent, a déclaré Rodriguez-Masiu.

Le coût de stockage du pétrole brut sur ces navires a doublé au cours des trois derniers mois, selon les estimations des courtiers maritimes d’EA Gibson. Mais quand il n’y aura plus nulle part où mettre des barils indésirables, les producteurs de pétrole n’auront d’autre choix que de réduire leurs opérations.

 



2020-03-16